Introduction
Qu’est-ce qu’un esclave énergétique ?
Convertir en temps de travail humain l’énergie nécessaire à notre mode de vie.
Réalisez ! Pour se déplacer, produire ses biens, se nourrir, se chauffer, un français a besoin de l’équivalent de 150 esclaves fictifs travaillant 24h/24h, 7j/7j.
Bienvenu(e) dans le monde de l’esclavage énergétique, une façon diaboliquement habile de mesurer notre dépendance à l’énergie : un changement historique qui traduit le caractère essentiel de notre société contemporaine, à savoir, la surconsommation. Et de s’apercevoir que nous sommes à des années-lumières de la sobriété et de l’efficacité énergétique.
Une première vision par Jean-Marc Jancovici
Pour tous les individus plongés dans l’énergie au quotidien, le kWh est aussi familier, en apparence, que le litre d’eau l’est au jardinier ou le kg de farine au boulanger.
Pourtant, sur le fond, personne ne sait vraiment ce que représente un kWh, pas même moi !
L’énergie, cela ne se touche pas, c’est juste un chiffre abstrait sur un bout de papier, quelques fois le préalable à une facture, et pour en appréhender la signification, il faudra toujours – on n’échappe pas à ses sens – mettre en face d’une consommation une action du monde physique qui l’illustre de manière parlante pour tous.
Il est donc très difficile, avec des kWh, ou des tonnes équivalent CO2 et autres gigas joules (sans parler des quadrillions de British Thermal Units de nos amis anglo-saxons), de faire comprendre combien notre consommation d’énergie – celle de chacun d’entre nous, et pas seulement du conducteur de 4×4 – est devenue totalement « hors normes » par rapport à ce qu’a toujours été la condition de l’humanité.
Pour la bonne cause, il va falloir faire quelque chose que la morale réprouve hautement : je vais me permettre de réintroduire l’esclavage, pour comparer l’énergie déployée par les machines qui nous entourent et celle utilisée par nos propres organismes.
En effet, l’être humain consomme de l’énergie, qu’il va transformer ensuite – avec un très mauvais rendement d’ailleurs, comme nous allons le voir – en énergie mécanique pour se mouvoir, en énergie électrique pour penser et aussi en énergie thermique pour maintenir sa température à 37°C.
L’exemple du champion olympique Robert Förstemann
Il n’y a pas meilleure explication du concept d’esclave énergétique que cette vidéo d’un cycliste olympique en train de pédaler comme un forcené pour griller une modeste tranche de pain.
Robert Förstemann est champion du monde, il a des cuisses de titan et malgré tout, il peine à alimenter en énergie musculaire un modeste grille-pain domestique. Il faut dire que l’appareil exige de pédaler à 50 km/h avec une inclinaison terrain de 40°, l’équivalent de la butte Montmartre. Le cycliste parviendra à griller la tranche, mais finira à terre, hors d’haleine. La vidéo termine en précisant que s’il faut un Robert pour griller du pain, il en faut 180 pour propulser une voiture et 43 000 pour faire voler un avion. De quoi nous rappeler le caractère littéralement hors-sol de notre modernité.
La vision d’Étienne Klein
Étienne Klein (physicien, philosophe des sciences et producteur de radio français) explique qu’un être humain consomme 2,4 Kw/h par jour pour son métabolisme, c’est-à-dire pour créer de la chaleur, pour bouger, pour avancer, etc. En France, un individu consomme 150 fois cette quantité pour se déplacer, pour produire, pour manger, etc. En somme, pour tous nos besoins ! Il dit, en 2021, “En moyenne, un Français dispose de plus de 150 ‘esclaves énergétiques” de manière annuelle.
Cette vision de la consommation permet donc d”humaniser” les kilowattheures (qui sont une notion plutôt abstraite si on vous demande “qu’est-ce que c’est ?”).
Ainsi, on peut se retrouver dans une situation où une entreprise a 500 employés, mais en réalité 3 000 000 d’esclaves énergétiques !
Pour découvrir sa vision plus en profondeur (podcast de 4 minutes) : l’auteur aborde la question de l’énergie et du climat, ainsi que des réflexions sur notre capacité d’une éventuelle transition écologique.
En savoir plus
Conclusion
Nos enjeux, pour réduire notre empreinte environnementale et économiser la précieuse source d’énergie (le kWh est hors de prix !) est clairement de réduire nos esclaves énergétiques, c’est ce que nous verrons dans un prochain article !